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LES BONS DE BOON
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BELGIQUE : BOOM ET SES ANCIENNES BRIQUETERIES
A TRAVERS UN BON DE NECESSITE DE 1918
Rue de Belgique, rond-point d'Ostende, avenue de Bruxelles, avenue d'Anvers, jardin Albert 1er... Les lieux qui honorent la Belgique sont nombreux à Nice. Ils témoignent de la reconnaissance et de l'amitié des Niçois à l'égard d'une communauté étrangère appréciée de longue date, notamment pour sa bonhomie et son humour. Ne dit-on pas outre-Quiévrain "l'été à Ostende, c'est l'hiver à Nice...". Un bon de 10 centimes émis par la commune belge de Boom en 1918 nous donne l’occasion de nous rapprocher de nos amis Belges en découvrant le passé de cette commune de la province d’Anvers.
par Vincent Deprêtre,
du Cercle Numismatique de Nice
Comme pour tant d’autres cités, les bons de monnaie furent émis pour pallier le manque crucial de monnaie divisionnaire causé par la Première guerre mondiale et permettre l’achat de biens de première nécessité au magasin communal et auprès du comité local de secours. Ce dernier avait d’ailleurs émis des tickets en 1915-1916.

Les billets de nécessité étaient souvent d’une grande simplicité graphique et le texte se limitait aux indications financières et mentions légales en vigueur.

Notre petit document monétaire semble être une exception tant par la richesse du dessin du recto que par les indications ’’briqueteries’’ et ’’chantiers navals’’ qui mettent en valeur les activités de la cité.
Les conditions d’émission du bon de 1918

Après un premier refus en 1917, l’occupant autorisa l’émission en avril 1918, aux conditions suivantes : ouverture d’un fond spécial garantissant le remboursement des bons par l’administration de la commune ; création d’un règlement limitant leur utilisation au magasin communal et au comité de secours.

Le règlement fut approuvé par le conseil communal le 6 juin. Le Collège Echevinal, déclaré compétent pour contrôler le fond spécial, chargea le receveur communal Victor Van Cauter de tenir la caisse dans laquelle seraient versées les recettes provenant des bons. Bien que datés du 1er février 1918, les bons ne circulèrent qu’à partir du mois de mai de cette année.

Sur les bons, utilisables dans le magasin communal devait être apposé un cachet réglementaire ; il est probable que ceux non estampillés aient également servi sur l’ensemble de la commune vers la fin de la guerre.

Au total 209.850 bons furent émis, représentant la somme de 53.645 francs détaillée ainsi :
· 10 centimes (couleur mauve) 79.200 bons, soit 7.920 francs
· 25 centimes (vert) 78.400 bons, soit 19.600 francs et
· 50 centimes (brun) 52.250 bons, soit 26.125 francs
Le recto du bon de monnaie
La gravure, identique pour les trois coupures émises, est l’œuvre de Gerard Poortman, connu pour avoir réalisé d’autres bons et des billets de la Banque Nationale de Belgique.

Les bons portent les signatures de Jules Meyers (bourgmestre) et C. Van Geet (secrétaire communal). Le Docteur Meyers fut désigné pour remplacer E. Van Reeth, bourgmestre de Boom de 1887 à 1914, date à laquelle il s’enfuit vers l’Angleterre. Le brasseur Louis Lamot succéda au Dr Meyers en 1921.

Le recto du bon représente Boom le long de la rivière Rupel, vue de Klein Willebroek. Au bas, entre les mentions ’’briqueteries’’ (Steenbakkerij) et ’’chantiers navals’’(Scheepsbouw), l’emblème de la cité représentant la Vierge avec un arbre (Boom) en arrière plan.
Constitué de colonnes de briques, l’encadrement forme un portique ouvert sur le site.

On y distingue : au premier plan le pont ‘’Van Enschodt’’ ; en arrière plan, sur la gauche, l’église de la Vierge et de Saint Rochus (quatrième construction en style néogothique, datant de 1850 ); dans la partie centrale la ‘’Brasserie Lamot’’ ainsi que les ‘’Moulins Rypens’’ (grand bâtiment au toit arrondi). L’origine des moulins remonte à 1856, la famille Rypens devenant par la suite une des plus puissantes de la commune.

Construit à partir de 1851 par l’entreprise Veuve Van Enschodt, le pont reliait Boom à Klein-Willebroek. La société avait obtenu la concession du péage pour 90 ans. L’ouvrage, démoli après la guerre (1945), était le dernier pont ‘’payant’’ de Belgique. Il mesurait 235 m de long pour 4,6 m de large.
Boom : un peu d’histoire

Si ’’Boome’’ apparaît la première fois dans un texte daté de 1309, l’origine de ‘’la paroisse de l’arbre anonyme’’ (’’de parochie van de naemenloose boome’’) remonte probablement à l’époque romaine (lieu dit ‘’Arbor’’). Ce grand arbre était sûrement un lieu de rencontre sur la route reliant Schelle à Rumst ; diverses légendes l’associent par la suite à Notre-Dame, protectrice de la commune. Le nom définitif de Boom remonte à 1663.

Boom se trouve à un carrefour fluvial qui facilita sa prospérité, d’une part grâce à la bonne navigabilité du fleuve Rupel, et également par son accès direct au canal de Willebroek.

Sur le plan géologique, la couche d’argile de Boom est la plus épaisse en surface de toute la Belgique (30 mètres) ; l’extraction aisée de ce matériau explique la fabrication de briques tout au long de son histoire.

Le grand incendie qui ravagea Anvers en 1546 favorisa l’essor de Boom : la loi interdisant désormais la reconstruction en bois des maisons brûlées provoqua une hausse de commandes de briques. Les bateaux, assurant le transport des combustibles et des autres produits finis, justifiaient l’activité des chantiers navals.

Au XIV° siècle, il était interdit de défricher les forêts appartenant à l’abbaye de St Bernard ; la cuisson des briques s’effectuait en utilisant un combustible à faible pouvoir calorifique: la tourbe de Zélande. Malgré la taille réduite des briques (15 x 7 x 4 cm), un format ‘’standard’’ s’imposa dès cette époque, chacun pouvant en fabriquer librement. Un étalon de référence était exposé à l’Hôtel de Ville.

Vers le milieu du XIX° siècle, grâce au creusement du canal Bruxelles-Charleroi, l’utilisation du charbon borain permit de fabriquer des briques plus grandes (18 x 8,5 x 5 cm).

Les principes de fabrication sont restés à peu près inchangés depuis l’époque des frères de St Bernard, mais les évolutions mécaniques du début du siècle (excavation de l’argile, formatage des briques) ont réduit au fil du temps la main d’œuvre employée.

Au début du XX° siècle Boom comptait jusqu’à 48 briqueteries (5.000 emplois) et quelque 40 autres usines (tuiles, carreaux, brasseries, constructions de bateaux, meuneries, représentant 7.000 autres emplois). La population était en 1910 d’environ 17.500 habitants.

A cette époque les briques étaient également expédiées vers les Pays Bas, la France, l’Angleterre et les Etats Unis. La cité jouissait d’une forte réputation. De nos jours il ne reste que quelques fabriques (environ 500 emplois) pour une population de 14.500 personnes.
Le pont de Boom
En conclusion

Fière de ses principales activités économiques, la commune de Boom utilisa ce support fiduciaire comme une véritable vitrine publicitaire. Un contenu qui confère à ce document une valeur bien plus grande que le montant facial ou les quelques euros nécessaires à son achat.

Courants d’un point de vue numismatique, les bons de nécessité de Boom parviennent fréquemment en mauvais état malgré la recommandation inscrite au verso: ’’Beleefd verzoek dit briefje niet te plooien’’ (’’Prière de ne pas plier ce bon’’).



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Les briqueteries de Boom au début du XXème siècle
  
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