Après cinq années de veuvage, Durant lesquelles des testons aux armoiries de France et d'Ecosse étaient frappés (fig. 6), Marie se remariait, presque en cachette, en 1565 avec son cousin Henry, lord Darnley. Les fleurs de lys cédaient alors la place au double chardon sur les monnaies écossaises.
CONCLUSION
Le mariage de François II et de Marie Stuart représente peut-être l'un des plus grands rendez-vous manqués de l'histoire de France. En effet, si François II et Marie Stuart avaient eu un héritier, cet enfant aurait été en marche vers un fabuleux destin puisqu'il aurait pu prétendre aux trônes de France, d'Ecosse et d'Angleterre au décès d'Elizabeth 1ère d'Angleterre, cousine de Marie et morte sans postérité.
Mais le sort ne l'a pas voulu ainsi et seules les couronnes d'Angleterre et d'Ecosse seront réunies lorsque le fils de Marie Stuart et de lord Darnley, héritant de celle qui avait fait exécuter sa mère, accèdera au trône d'Angleterre sous le nom de Jacques 1er.
Jusqu'à une date récente, les monnaies franco-écossaises avaient été adoptées par les numismates français qui les incluaient pour partie dans leurs catalogues de monnaies royales françaises. Aujourd hui,certains estiment que les monnaies émises en Ecosse seraient strictement écossaises en considérant que François II, de par son mariage avec Mary, n'était que roi consort, et non pas Roi d'Ecosse.
Pourtant, le contrat de mariage est formel: François est devenu roi d'Ecosse avec les mêmes pouvoirs que Marie et la couronne matrimoniale. Les monnaies frappées en Ecosse le confirment en mentionnant bien « FRAN. ET. MA. DG R.R. FRANCO SCOTOR, c'est à dire FRANCOIS ET MARIE, ROI ET REINE DE FRANCE ET D'ECOSSE, le roi de France ayant la préséance, ce qui ne sera pas le cas des émissions monétaires de Marie Stuart et Lord Darnley, où le nom de la reine figurera en premier sur les monnaies.
De plus, un embryon d'union politique s'est développé à la suite du mariage, notamment au regard des questions de nationalité. Par la suite, il sera même envisagé de donner cours légal en Ecosse aux monnaies françaises.
Les monnaies émises en Ecosse paraissent ainsi bien mériter leur appellation de monnaies franco-écossaises, tout au moins pour la période de 1559 à 1560, durant laquelle les deux pays ont été unis politiquement. Pour la période antérieure et postérieure, il s'agit de monnaies écossaises aux armes de France et d'Ecosse, rappelant les liens entre les deux pays.
La série monétaire franco-écossaise est intéressante car elle reflète parfaitement les étapes de l'évolution politique et témoigne de l'importance du mariage de Marie avec le Dauphin de France.
Il s'agit au demeurant des seules émissions monétaires au nom de François II et représentant son portrait ainsi que celui d'une reine de France.
ADDENDUM : un jeton franco-écossais
Au fil de nos recherches, nous avons découvert l'existence d'un jeton franco-écossais daté de 1579, frappé 19 ans après le décès de François II et du vivant de Mary Stuart alors que celle-ci se trouvait en captivité en Angleterre.
Au droit, il présente les armoiries franco-écossaises dans un écu couronné et l'inscription MARIA D.G. SCOTOR.REGINA. FRAN. DOI.(Reine d Ecosse et Douairière de France)
Au revers, il présente une vigne dont les branches de droite sont mortes (allusion probable à François II) et dont les branches de gauche, feuillues, sont arrosées par une aiguière qui sort d'une nuée avec la légende: MEA SIC MIHI PROSUNT (mes biens me sont ainsi utiles).
D'autres jetons sont connus par des dessins pour le règne de François II et Marie Stuart (cf. Annales du Cercle numismatique de Nice 2002).
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Eléments de bibliographie et d'iconographie:
Alexandra FRASER, Marie Stuart Reine d'Ecosse et de France (éditions Robert Laffont)
Philippe ERLANGER, Marie Stuart, Ed. Perrin.
Michel DUCHEIN, Histoire de l Ecosse,
Donald BATESON, Scottish Coins (éditions Shire)
Louis CIANI, Les monnaies royales françaises de Hugues Capet à Louis XVI.
René HOUYEZ, Monnaies royales françaises.
Nicholas HOLMES, Scottish coins, History of the small coinage in Scotland. Ed° NMS Publishing.
Remerciements:
. à Pascale, pour son aide aux recherches de bibliographie et ses encouragements.
. à Mme Danièle ROSENTHAL-SZENDE et à M. Jacques BARDIN pour leur précieux
concours à la traduction des locutions latines.
. à Kavanagh numismatics à Edimbourg pour leur très aimable accueil.
à M. Jean-Claude Bedel pour les illustrations en couleur des monnaies.
Un conseil : si vous êtes de passage à Glasgow, ne manquez pas de visiter le très riche musée numismatique à l'Université de la ville (ambiance Harry Potter en prime!). Monnaies franco-écossaises bien sûr mais également une exceptionnelle collection d'aurei romains avec tous les empereurs en TTB ou SUP !
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE SUR L'AULD ALLIANCE
ET L'AMITIE FRANCO-ECOSSAISE